Je t’attendais
Je n’osais plus rêver trop fort à ce moment
Peu de femmes à la ronde m’inspirent
L’envie de partager les quatre coins du monde
Dormir à tes côtés doit être doux et dense
J’ai tant souhaité ta joue
Plonger –fiévreux- dans tes cheveux
Marécageux et doux
Tes grands yeux sont taillés
Dans l’univers lointain
Comme de noirs cristaux
Aux reflets incertains
Toutes les brumes d’hiver
Meurent dans la lumière
De tes doigts sur mon torse
Me voilà foudroyé
De cette intimité
Si longtemps détrempée
A l’ombre du secret
Satan, genoux à terre
Vénère ta bouche fière
Viens me faire inhaler
Ton haleine bleutée !
Tu me désorganises
Tu m’entraînes au creux de ton nid
Pour m’inspirer tes rêveries
Ecartelant l’étoffe
Bouillante d’oraisons
Je descends brusquement
Dans ton nid à serpents
Et
De la langue à la langue
Je nourris les paupières
De l’œil de feu avide
Créature-aromate
Chaque pore de ta peau
Est flacon de rivages
Parfum d’éternité
Sortilège du coeur du soir
Me voilà familier
Habité de tes territoires
Eprouve le vrai corps de ta géométrie
Découvre les ressorts de ta géographie
Eprends-toi des leçons d’insolences punies
Voûte aux tendres volutes, volupté veloutée
Offre ton arsenal d’audaces déplacées
Enroulons-nous dans un fougueux désordre
Que l’incendie s’éprenne de danses incontrôlées
Plisse et ferme paupières
Bouche gronde et libère
Dégorge tes séismes
Implose chaque prisme
Demain, au delà de la cendre
Irradiera dans le lointain
Le dragon noir aux yeux d’airain